Objet de multiples accusations par rapport à ses antécédents judicaires supposés, Ali Soumaré a, en réalité, un casier judicaire vierge. Pour le Canard Enchaîné, qui révèle l'information, ce nouveau rebondissement prouverait que les élus UMP, à l'origine des griefs, ont bel et bien bénéficié de l'aide de la police.
Matthieu Amaré
Énième coup de théâtre dans une affaire qui n'en finissait plus: le casier judiciaire de la tête de liste PS dans le Val d'Oise est vierge. En publiant l'extrait du document administratif, l'hebdomadaire satirique, Le Canard Enchaîné, révèle qu'il n'est fait mention d'aucune condamnation. Paru au sein même de l'article, la reproduction de l'extrait de caser judicaire d'Ali Soumaré comporte, effectivement, en grosses lettres, la mention «Néant». Vide. Comme les accusations portées à l'encontre du candidat socialiste qui avait suscité une vive émotion nationale. Le 19 février dernier, les deux maires UMP du département, Francis Delattre et Sébastien Meurant, avait stigmatisé Soumaré, l'accusant d'avoir été impliqué dans cinq affaires. Taxé de «délinquant multirécidiviste chevronné», le jeune candidat d'origine malienne n'avait reconnu qu'une seule mise en cause : une condamnation pour «vol aggravé» remontant à 1999.
Le Stic collé aux basques
Cette révélation a aussi le mérite de conférer un peu plus de transparence à une affaire devenue de plus en plus opaque. Car comme l'indique Le Canard Enchaîne dans son article, l'extrait appelé «bulletin n°2» est «celui que le ministère de la Justice délivre aux administrations lorsqu'un quidam convoite un emploi public. Dans cet extrait, toutes les condamnations sont mentionnées, à l'exception, notamment de celles ayant fait l'objet d'une amnistie ou d'une réhabilitation». Or, n'y figure même pas la condamnation qu'Ali Soumaré a lui-même reconnue. Conséquence d'une réflexion aisée, la question se pose sur la véritable provenance des renseignements des deux élus, qui eux même avaient alors affirmé qu'elles étaient issues de documents judiciaires. Interrogé sur ce point, le président de la Commission national de l'informatique et des libertés (CNIL), Alex Türk, s'était inquiété que de pareilles imputations puissent provenir du Système de traitement des infractions constatées (Stic). Dans un entretien donné au «Point.fr», il avait par ailleurs estimé que si les accusations trouvaient leur origine au sein du Stic, «cela poserait un très gros problème». Principal fichier qui enregistre les antécédents judiciaires, seule la police possède la capacité légale à le consulter. La thèse selon laquelle Francis Delattre et Sébastien Meurant aurait bénéficié de l'aide des policiers se confirmerait. Rendant une affaire plus claire. Et une élection plus sournoise.